LE RISQUE DE DÉCEVOIR DIEU
La parabole des «vignerons homicides» est si dure qu’il est difficile pour nous chrétiens de penser que cet avertissement prophétique, adressé par Jésus aux chefs religieux de son temps, nous concerne.
L’histoire parle de quelques paysans qu’un seigneur a chargés de travailler sa vigne. Quand vient le temps des vendanges, quelque chose de surprenant et d’inattendu se produit. Les fermiers refusent de livrer la récolte. Le Seigneur ne récoltera pas les fruits qu’il espère tant.
Leur audace est incroyable. Ils tuent l’un après l’autre, les serviteurs que le seigneur leur envoie pour cueillir les fruits. Plus encore. Quand il leur envoie son propre fils, ils le jettent «hors de la vigne» et le tuent pour rester les seuls propriétaires de tout.
Que peut faire le seigneur de la vigne avec ces fermiers ? Les chefs religieux, qui écoutent mal l’aise la parabole, en tirent une terrible conclusion: il les fera mourir et il cèdera la vigne à d’autres agriculteurs «qui lui donneront les fruits en temps voulu». Ils se condamnent eux-mêmes. Jésus le leur dit en face: «C’est pourquoi je vous le dis, le royaume de Dieu vous sera enlevé et donné à un peuple qui portera du fruit».
Dans la «vigne de Dieu», il n’y a pas de place pour ceux qui ne portent pas de fruit. Dans le projet du Royaume de Dieu que Jésus annonce et promeut, des «paysans indignes» qui ne reconnaissent pas la seigneurie de son Fils, car ils se sentent propriétaires, seigneurs et maîtres du peuple de Dieu, ne peuvent continuer à occuper une place. Ils doivent être remplacés par «un peuple qui produira du fruit.
Nous pensons parfois, que cette parabole menaçante est valable pour le peuple de l’Ancien Testament, mais pas pour nous, qui sommes le peuple de la Nouvelle Alliance et qui avons déjà la garantie que le Christ sera toujours avec nous.
C’est une erreur. La parabole parle aussi de nous. Dieu n’a pas à bénir un christianisme stérile dont il ne reçoit pas les fruits qu’il attend. Il n’a pas à s’identifier à nos incohérences, à nos déviations et à notre peu de fidélité. Dieu veut aussi aujourd’hui que les ouvriers indignes de sa vigne soient remplacés par un peuple qui produira des fruits dignes du royaume de Dieu.
José Antonio Pagola
Traducteur: Carlos Orduna